31/01/2019|Jean-Pierre ROYOL
Jean-Pierre Royol, psychologue clinicien et président d’honneur de la Ligue professionnelle d’art-thérapie (LPAT), explique ce qu’est l’art-thérapie.
Comment peut-on définir l’art-thérapie ?
Jean-Pierre Royol : Utilisée dans le champ du soin et de la prévention, l’art-thérapie est une méthode qui consiste à créer les conditions favorables à l’expression et au dépassement des difficultés personnelles par le biais d’une stimulation des capacités créatrices. Elle trouve aujourd’hui sa place dans le cadre des troubles dépressifs et psychosomatiques, des conduites addictives, des problématiques alimentaires, mais aussi dans celui de pathologies plus sévères comme les psychoses et l’autisme. Nombreux sont les services de psychiatrie publics ou privés qui l’utilisent.
Quels sont ses bienfaits ?
J-P R. : La vocation de l’art-thérapie n’est pas de produire des artistes ni des œuvres d’art et encore moins de les exposer. Ce n’est pas ce que demande la personne qui souffre. Il s’agit plutôt de favoriser l’expression du mal de vivre pour qu’il ne lui colle plus à la peau. L’art-thérapie utilise des dispositifs poétiques créatifs qui permettent de « parler sans les mots ». Cette méthode est très bénéfique pour les personnes qui, pour de multiples raisons, ne peuvent pas mettre de mots sur leur souffrance et qui ne peuvent donc pas s’en libérer. L’art-thérapie procure par ailleurs une détente psychique et permet de se différencier des autres.
Comment se pratique-t-elle ?
J-P R. : L’art-thérapie utilise des dispositifs spécifiques qui n’ont rien à voir avec la pratique habituelle de l’art. Ceux-ci sont enseignés dans des établissements de formation spécialisés. C’est la connaissance précise de ces dispositifs qui permet à l’art-thérapeute de ne pas être confondu avec un moniteur d’atelier de création ou de médiation artistique. L’art-thérapie dispose ainsi de ses propres outils qui ne sont pas les mêmes que ceux utilisés couramment par des artistes.
Qui peut en bénéficier ?
J-P R. : Dès l’instant où un patient le demande, il peut pratiquer l’art-thérapie. Il doit avoir été précisément informé de ce dont il s’agit et ressentir le besoin de prendre de la distance avec des événements douloureux ou angoissants. Il faut toutefois vérifier qu’il n’existe pas de contre-indications médicales à cette pratique. On remarque qu’il y a actuellement une forte demande dans les hôpitaux, les cliniques, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les maisons de retraite, les centres de prévention de la violence, mais aussi les établissements associatifs et même les familles qui accueillent des enfants autistes.
À quelles règles sont soumis les art-thérapeutes ?
J-P R. : Les professionnels qui pratiquent l’art-thérapie doivent posséder de préférence un certificat reconnu par l’État inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Par ailleurs, ils respectent un code de déontologie qui inscrit leur profession dans un cadre éthique. Il ne faut surtout pas confondre l’art-thérapie avec une médecine douce ou alternative. Il faut aussi se méfier des intitulés qui peuvent laisser imaginer qu’il s’agit d’une activité médicale ou paramédicale.